Tel est le constat issu de la conférence qui s’est tenue en mai dernier. A l’occasion de la Quinzaine du Commerce Equitable, les adeptes de cette démarche éthique ont exprimé la pertinence de surfer sur l’essor du bio pour faire connaître leur filière.
Gestion du risque climatique, protection de la diversité, lutte contre la volatilité des prix, maintien des emplois, rééquilibrage de la valeur dans les filières… Les défis sont nombreux et les changements incontournables qui conduisent les acteurs de l’agriculture et de l’alimentation à relever conjointement deux défis majeurs ; la protection de l’environnement et les réductions des inégalités sociales. Pour y parvenir, « les modes de production et les relations économiques entre les producteurs et les transformateurs doivent être modifiés », résume Julie Stoll, déléguée générale de la Plate-forme pour le commerce équitable, en estimant que « les synergies entre les valeurs éthiques du commerce équitable et les exigences environnementales de l’agriculture biologique conduiront à un changement de paradigme ».
Répondre aux attentes de consommation responsable
Face aux inquiétudes alimentaires, à l’opacité des modes de fabrication et à l’excès parfois de marketing, les Français veulent de plus en plus donner du sens à leurs achats. Cette volonté s’exprime notamment par la croissance des produits biologiques et des produits équitables dont les ventes ont respectivement progressé de 20 % et de 43 %, pour peser plus de 7 milliards et 948 millions d’euros en 2016. « Les trois-quarts de nos produits sont labellisés bio en plus d’être équitables », calcule Emilie Sarrazin, présidente de Max Havelaar France. Cet exemple illustre la capacité d’une démarche équitable à se convertir au bio afin de construire un duo gagnant pour les industriels et leurs partenaires-producteurs. A l’inverse, Biocoop, bien connu pour être un puriste du bio, a ouvert sa marque Ensemble aux valeurs du commerce équitable ; aujourd’hui, la gamme estampillée à la fois bio et équitable représente un quart de l’activité du réseau. Ancrés dans le respect de la nature et la préservation des ressources, les produits issus de l’agriculture biologique s’installent sans ambiguïté dans nos habitudes de consommation (lire DA Mag Mai 2017). « Les consommateurs expriment leur confiance en ces productions mais ils manquent encore d’informations », nuance Florent Guhl, directeur général de l’Agence Bio, convaincu que « cette confiance ne pouvant pas être aveugle, les efforts de transparence doivent s’intensifier ».
Paradoxe du commerce équitable
La situation de cette jeune filière est un tantinet différente. En effet, un récent sondage réalisé pour la Plate-forme du commerce équitable par OpinionWay* établit d’une part que 79 % des consommateurs adhèrent aux valeurs du commerce
équitable, et d’autre part qu’ils sont 68 % à être prêts à payer plus cher pour un produit qui garantit des conditions de travail et une rémunération juste aux producteurs. En revanche, au moment de l’achat, ces bonnes intentions s’effacent au profit d’exigences plus classiques telles que le goût, l’innocuité du produit pour la santé et son lieu de production. Face aux linéaires, les consommateurs ne sont plus qu’un tiers à se demander qui est à l’origine du produit, et un quart à vouloir savoir comment est rémunéré le producteur. Aussi, on peut raisonnablement se demander si la croissance des produits équitables s’explique par l’adhésion des consommateurs à la démarche ou par la multiplication de l’offre dans les circuits de distribution. Si à date, nul n’est en mesure de répondre objectivement à cette interrogation, tous les experts s’accordent à dire que les combats politiques menés par le bio et le commerce équitable doivent converger sur le terrain des engagements
sociaux, environnementaux et économiques.