A l’occasion de la Journée Mondiale du Cacao qui s’est tenue le 3 octobre 2018, ce thème était au coeur des débats qui animent la filière autour d’un objectif environnemental ambitieux.
Le Syndicat du Chocolat avait choisi le Ministère de l’Europe et des Affaires Etrangères pour signifier la dimension internationale de l’événement qui a réuni une assemblée prestigieuse. Chercheurs, distributeurs, producteurs, certificateurs, entreprises et ONG ont rappelé la nécessité d’engager la cacaoculture dans la lutte contre la déforestation. En effet, cette production serait responsable d’un quart de la déforestation de la Côte d’Ivoire et du Ghana depuis 2001, et ce problème structurel s’étendrait au Pérou et à l’Indonésie. Les travaux des participants ont été salués par Jean-Baptiste Lemoyne qui a résumé ainsi le contexte. « Au niveau international, l’objectif zéro déforestation répond aux engagements Climats et Forêts, à la déclaration d’Amsterdam et aux labels qui favorisent la durabilité des productions », a précisé le secrétaire d’Etat auprès du Ministre de l’Europe et des Affaires étrangères en signalant qu’au niveau national « la loi EGAlim a été votée le 2 octobre par le Parlement ». En marge de ce labyrinthe législatif et réglementaire, Mamadou Sangafowa Coulibaly, Ministre de l’agriculture et du développement rural de Côte d’Ivoire a, pour sa part, déploré « les déséquilibres de la chaîne de valeur laquelle doit aussi bénéficier aux producteurs ». Initiative à l’appui ; « le label Cacao Origine Côte d’Ivoire atteste de conditions de production durables et de qualités gustatives élevées ».
Renforcement des partenariats publics/privés
Représentant plus de 40 % de la production mondiale de cacao, la Côte d’Ivoire doit sortir de l’impasse de la non-durabilité en mettant en place un cercle vertueux qui, outre le fait d’apporter aux communautés de producteurs la rémunération qui couvre leurs coûts de production et leurs besoins essentiels, valorise l’origine du cacao et respecte la biodiversité. En filigrane de cet objectif à la fois environnemental et sociétal, la filière doit adapter son modèle économique et agir face aux dérèglements climatiques. Si les planteurs sont invités à participer activement à leur avenir, « cette approche ne doit pas concerner uniquement la cacaoculture mais également l’huile de palme, le café… », a soutenu Marianne Martinet, directrice ruralité de l’ONG The Forest Trust, en considérant l’importance des investissements réalisés par le secteur privé en matière de nouvelles technologies, afin de cartographier les plantations et leur évolution. Par exemple, le service Starling, qui combine images satellites et images radar, grâce aux technologies d’Airbus et de StarVision, permet une surveillance régulière des zones d’approvisionnement et des forêts. Cet outil est expérimenté depuis 2017 par Nestlé France qui promet de l’étendre à 80 000 plantations d’ici à la fin 2019.
Les chocolatiers s’imposent en maillon essentiel
Qu’ils soient sociaux, économiques ou environnementaux, nombreux sont les défis à relever, qui se caractérisent par leur interdépendance et placent les communautés de producteurs au coeur des réflexions. C’est ainsi que « Depuis mars 2017, le programme Cocoa & Forest Initiative met en place un plan d’actions en partenariat avec les gouvernements ivoirien, ghanéen et colombien afin d’associer toute la chaîne à l’arrêt de la déforestation », indique le représentant de l’ONG World Cocoa Fondation. En revêtant par ailleurs sa casquette de directeur des affaires publiques de Mars Wrigley Confectionery, Alex Assanvo rappelle que le groupe consacre un milliard de dollars sur 10 ans dans un programme centré sur les petits planteurs ; Cocoa for Generations intègre la lutte contre la déforestation via des plans de développement des plantations et la diversification des récoltes. Des investissements considérables sont également réalisés par Mondelez International qui dédie 400 millions de dollars sur 10 ans au programme Cocoa Life déployé depuis 2012. Cinq ans plus tard, l’accent est mis sur la stratégie des « 3 P », acronymes de Population, Protection et Production. « En protégeant les paysages dans lesquels le cacao est cultivé, et en préservant les écosystèmes, l’axe Production vise à optimiser les rendements des terres agricoles existantes et à favoriser les plans d’ombrage », détaille Charlotte Prestat, directrice marketing chocolat France de Mondelez International.