Pas question de jouer à pile ou face ! La monétique est si stratégique dans le quotidien des gestionnaires que vous opterez pour des systèmes générateurs de business. A condition de comprendre qui fait quoi dans la profession, la diversité des solutions et les nouvelles technologies.
Dans la droite ligne de 2013, l’année qui s’achève n’a pas manqué d’événements majeurs. Un état des lieux des principaux mouvements intervenus chez les fournisseurs vous aidera sans doute à mieux comprendre l’organisation actuelle du marché, les stratégies et les ambitions revendiquées par les forces en présence.
Grandes manœuvres
Notre position d’observateur nous conduit à situer le coup d’envoi de ces grandes manœuvres à 2013 lorsque Crane Payment Solutions (CPS), propriétaire de la marque NRI, a formulé une offre d’achat concernant MEI. Cette opération s’est concrétisée fin 2013 sous le contrôle de la Commission européenne qui en a scrupuleusement étudié les modalités afin d’éviter les positions monopolistiques. C’est ainsi que pour finaliser l’acquisition de MEI et créer l’entité Crane Payment Innovation (CPI), le groupe Crane a dû se séparer de certaines solutions. A ce moment-là, la société Suzo-Happ est entrée en scène, en remportant le droit de commercialiser la gamme de monnayeurs-rendeurs C² Currenza et de cashless Clip dans l’espace économique européen, et les lecteurs-rendeurs de billets Bill to Bill dans le monde, sous licence. Le deuxième épisode de cette saga est intervenu en septembre 2014 lorsque Suzo-Happ a annoncé l’acquisition de Comesterogroup. Dans l’intervalle et sous réserve de mouvements significatifs qui auraient échappé à notre vigilance, certains opérateurs se sont retirés sans mot dire du paysage, et d’autres restent discrets sur leurs intentions.
Chronique annoncée d’un leadership partagé
Ce premier volet de notre enquête confirme la dimension européenne voire internationale du marché de la monétique. Cette vision laisse peu de place aux démarches opportunistes qui ne font que brouiller la lecture d’un marché jugé complexe, même par les professionnels les plus avertis ! Pour clarifier autant que faire se peut son champ d’actions, chacun des protagonistes étoffe son analyse de commentaires concrets. « CPI a conservé le droit de commercialiser les monnayeurs-rendeurs Currenza à l’extérieur de l’espace économique européen », ajoute Hervé Thellier, le responsable commercial de CPI France précisant qu’« avec l’arrivée de certains produits, la gamme CPI s’est renforcée ». C’est ainsi qu’en complément de la gamme CashFlow, l’acquisition des validateurs de monnaie G13 et Eagle, des lecteurs de billets MSMv2 et des hoppers permet à CPI de proposer des solutions complètes dans le vending, et de renforcer sa présence dans les marchés de l’OCS, des transports, des applications parking ou du retail.
Chez Suzo-Happ/Comestero, la fusion des équipes et des gammes autorise de nouvelles synergies qui devraient renforcer la présence du groupe en France, dans les systèmes de paiement dédiés au vending via l’expérience de Suzo-Happ, et déployer son activité dans d’autres secteurs tels que le gaming ou les laveries automatiques via le savoir-faire de Comestero. Cette stratégie s’appuie sur le site de production de Comestero en Italie et les huit unités de Suzo-Happ réparties dans le monde qui pérennisent la fourniture des produits, en plus des agences et des centres techniques. « Comestero a apporté aux solutions vending de Suzo-Happ le validateur de monnaie RM5 et ses dérivés, des solutions pour l’OCS, des changeurs de monnaie, des lecteurs de billets, des systèmes de récupération d’informations et une gamme cashless parmi les plus complètes du marché. Sans oublier des composants comme les serrures, les néons, les touch-screens … », liste Christian Mengus, le directeur des ventes vending chez Suzo-Happ estimant que « par la force des choses, nous disposons de tous les atouts nécessaires pour accéder au leadership du marché ».
Les liens se renforcent entre fabricants et distributeurs
Tandis que CPI et Suzo-Happ/Comestero se livrent à un bras de fer sans merci pour dominer l’échiquier français des systèmes de paiement en distribution automatique, les autres opérateurs mesurent les conséquences – relatives – de ces mouvements capitalistiques. « Très axées sur le marché des pièces et des billets, ces alliances ne devraient pas révolutionner le comportement des gestionnaires », commente par exemple Richard Ouillon, directeur commercial de LM Control. La prudence est également de mise chez Coges. « Les répercussions de cette concentration du marché devront être observées dans le temps », nuance Stéphane Metzger, le responsable commercial de Coges en France se souvenant que, chez les fabricants d’équipements, la fusion de Necta et de Wittenborg avait soulevé des inquiétudes qui se sont résorbées au fil de l’histoire, dans N&W Global Vending.
Le second volet de notre enquête nous incite à penser que ces grandes manœuvres viennent renforcer l’organisation habituelle de la profession qui distingue les fabricants de solutions de paiement d’une part, et les distributeurs d’autre part. Et ces derniers de reconnaître que les liens qui les unissent aux premiers n’ont jamais été aussi étroits ! C’est ainsi que Symotronic, le distributeur historique de Microtronic en France, rappelle qu’il commercialise les solutions CPI signées MEI, Cashcode et Money Control, tandis que LM Control et Aztek constituent une association reconnue pour ses compétences exercées en partenariat avec Ingenico Group, le leader mondial des solutions de paiements électroniques. Dans un esprit similaire, le portefeuille de GTI abrite notamment les solutions Coges, Nayax, CPI et Paytec (NDLR : la société italienne est baptisée Payment Technologies depuis sa capitalisation par Gianmarco Broggini). Accompagner ses clients selon leurs objectifs, leurs besoins et leur typologie, telle est la position clairement défendue par GTI qui se définit comme un « intégrateur de solutions ».
Au-delà de son organisation, la complexité de l’offre a de quoi déstabiliser les clients utilisateurs, admettent les opérateurs qui redoublent d’efforts pour accompagner les plus novices. Des traditionnels systèmes à pièces jusqu’au très innovant paiement sur le « cloud », en passant par les lecteurs de billets et les solutions cashless, la palette disponible est large, que les gestionnaires de DA devront mettre en phase avec la réalité de leurs entreprises et des consommateurs.