Alors qu’a débuté au Sénat l’examen en séance publique du projet de loi « anti-gaspillage pour une économie circulaire », une étude IPSOS démontre l’adhésion massive du public à la consigne tandis qu’elle provoque une levée de bouclier de la Fédération. Une idée qui reçoit également le soutien des industriels
La consigne pour le recyclage des emballages des boissons rencontre un soutien massif des Français selon une enquête menée par l’institut Ipsos pour Boissons Rafraîchissantes de France et publiée le 16 septembre dernier. En effet, près de 9 Français sur 10 y sont favorables et 92 % déclarent être prêts à ramener leurs emballages à des points de collecte. « Le soutien massif à la mise en place d’un système de consigne pour recyclage illustre l’importance que les Français accordent à la question écologique, la préservation de l’environnement s’étant imposée comme leur première préoccupation (52 %) », analyse Brice Teinturier, directeur général délégué de l’institut Ipsos.Les Français interrogés – après avoir été informés précisément du système de consigne – ont estimé que cette pratique : est efficace pour la préservation de l’environnement (90 %) ; permet de réduire le volume des emballages volontairement jetés dans la nature (89 %) ; a déjà fait ses preuves (88 %) ; est sans coût pour le consommateur car il récupérera le montant de sa consigne en rapportant l’emballage (85 %) ; est facile à mettre en place (77 %).De surcroît, le jeudi 17 octobre les industriels de l’emballage plastique ont affiché leurs « engagements pour soutenir la transition écologique », et ont apporté leur soutien à la consigne pour le recyclage des bouteilles en plastique.
De sérieuses conséquences
NAVSA a réagi très rapidement à l’annonce d’un possible retour de la consigne, une consigne qui serait imposée à tous les circuits de distribution. Alors que 77 % des Français interrogés par Ipsos pensent que la consigne est facile à mettre en place, la Fédération pointe justement une incompatibilité majeure entre la consigne et la consommation nomade, antinomiques selon le Syndicat, lequel énonce trois inquiétudes fortes. La première est le prix, qui sera mécaniquement augmenté du montant de la consigne, on parle d’ailleurs de 15 centimes par emballage, et qui pourrait influer négativement sur le chiffre d’affaires des gestionnaires, même si le consommateur peut récupérer sa consigne. Pour NAVSA, l’essence même de la distribution automatique est la consommation nomade sans obligation jusque-là de rapporter les emballages à un point de consigne. En outre, si la consigne était partiellement déployée, les gestionnaires des machines devraient intégrer le dispositif dans certains points de vente seulement, ce qui représenterait pour eux une difficulté supplémentaire dans la gestion de leur activité. La seconde est la lourdeur du dispositif à mettre en place pour des TPE/PME. En l’état actuel des choses, la Fédération présume qu’il reviendra aux gestionnaires de gérer les machines à déconsigner et notamment, de les approvisionner en monnaie et a priori en pièces de 5 et 10 centimes, donc de faire l’avance de trésorerie… La troisième inquiétude tient justement aux pièces de 5 centimes. C’est réellement problématique dans la mesure où la gestion de ces pièces est complexe et qu’elles allongent le temps de recharge de la monnaie. En outre, se posera le problème de la coexistence de plusieurs matériaux comme le PET et l’aluminium, comme dans les lieux publics. Ceci exposerait l’exploitant à déconsigner des emballages qu’il n’a pas consignés. En la matière, rien n’est encore définitivement acté. Mais le soutien des Français et celui des industriels pèseront lourdement dans le vote final. Espérons que la Fédération, par la voix de Pierre Albrieux, pourra être entendue des politiques, pour au moins bénéficier d’aménagements voire de délais.