Les gobelets, couvercles, touillettes et autres ustensiles jetables à usage unique inscrivent leur développement en tenant compte des tendances de la consommation nomade des boissons chaudes, sur fond de préoccupations environnementales.
Ils sont indispensables à l’activité des coffee shops, de la restauration rapide, de l’OCS et de tous les établissements qui proposent un service de vente à emporter, à laquelle s’ajoute le « boom » de la livraison de repas à domicile et au bureau. Si l’essor de la vente à emporter et livrée fait le bonheur des consommateurs et les choux gras des enseignes, cette tendance favorise l’utilisation de vaisselle jetable à usage unique et multiplie d’autant les déchets. Pris entre l’enclume de la législation et le marteau de leur pérennité, les fournisseurs de gobelets, de couvercles et de touillettes se mettent en ordre de marche pour plaider en faveur de leur croissance, à condition qu’elle soit verte.
Le plastique dans l’oeil du cyclone
Tout d’abord, il faut retenir qu’au 1er janvier 2020, seront interdits les « ustensiles jetables de cuisine en matière plastique ». Votée dans le cadre de la Loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte, cette mesure s’applique aux ustensiles vendus ou distribués gratuitement, en vente à emporter ou en consommation sur place, sauf ceux « compostables en compostage domestique et constitués, pour tout ou partie, de matières biosourcées ». En synthèse d’une situation particulière où la feuille de route hexagonale devra se mettre en phase avec le plan d’économie circulaire européen (cf. encadré), « les tendances sont influencées par l’agenda politique et législatif », résume Roberto Mistura qui cumule les fonctions de directeur commercial du groupe Flo et de directeur général en France. Si cet agenda met en péril l’avenir du gobelet en plastique, il inquiète également les fournisseurs de gobelets en carton. « Nous ne nous réjouissons surtout pas de la situation dans laquelle se trouvent nos confrères spécialisés dans le gobelet en plastique », prévient la responsable Grands Comptes chez CEE R. Schisler, un des principaux fabricants européens de gobelets et de sacs en papier. En effet, Lucie Chevalier-Juneau s’inquiète du fait que le gobelet en carton puisse, à son tour, être mis à l’index alors qu’au regard des tendances de la consommation hors domicile – nomadisme en tête – le marché en a besoin. Parmi ses réflexions, notre interlocutrice s’insurge contre la « théorie du mug » qu’elle qualifie d’« illusoire » dans le domaine de la vente à emporter. Outre les questions d’hygiène, de sécurité et de praticité pour le consommateur comme pour le commerçant, le volet environnemental est pointé du doigt. N’en déplaisent à leurs détracteurs, des études menées par TNO prouvent que les gobelets jetables sont moins polluants que les tasses et chopes en porcelaine réutilisables (Cf. DA Mag mars 2016).
Le gobelet en carton est tendance…
Pour les professionnels de la vente à emporter ou livrée, un des avantages du gobelet en carton réside en sa personnalisation aux couleurs de l’établissement ou d’un événement, et la possibilité de véhiculer un message ou une promotion ; contrairement au gobelet en plastique, le gobelet en carton supporte parfaitement l’impression. « La personnalisation fait du gobelet un outil marketing et un vecteur de communication », lance Jean-Thierry Pétard, le gérant de Café Chic qui propose, via ses partenaires, une prestation de pyrogravure aux coffee shops et aux torréfacteurs. L’impression numérique compte parmi les nouveaux axes de différenciation revendiqués par CEE R. Schisler, en complément de la flexographie effectuée à partir d’encres alimentaires sans solvants. Réalisée par un imprimeur dûment équipé, cette technique innovante a la particularité de pouvoir traiter des petites séries différentes et d’y apposer, par exemple, une animation éphémère via un QR code. C’est ainsi que le gobelet en carton devient communiquant jusqu’à être connecté comme le concept Adtone™ présenté récemment par Huhtamaki Foodservice. Du côté des consommateurs, le gobelet en carton emprunte deux tendances opposées en termes de format. D’un côté, la miniaturisation semble engagée comme l’indique l’initiative de CEE R. Schisler qui propose un format de 3 oz (moins de 9 cl), emblématique de l’espresso italien, en complément du format standard de 4 oz (environ 12 cl). A l’inverse, les grands formats prennent du volume pour se décliner de 12 oz (35 cl) jusqu’à 22 oz (0,6 litre). Cette dernière tendance répond d’une part, à l’essor des boissons gourmandes et emboîte le pas d’autre part, à l’introduction de modes de consommation différents de ceux que nous connaissons ; le café allongé très prisé des anglo-saxons et des européens du nord viendrait frapper aux portes de l’Hexagone. Le développement des gobelets grands formats, associé à la consommation nomade, suggère, d’y ajouter un couvercle en polystyrène Hips (opaque et résistant aux chocs) ou en fibre de carton moulé (biodégradable et compostable) afin de conserver la chaleur de la boisson. « En France, cet accessoire est de plus en plus souvent proposé par les coffee shops au consommateur qui ne le prend pas systématiquement, contrairement aux marchés américains et britannique », nuance Claire Chassagne, responsable marketing d’Huhtamaki Foodservice France. Pour éviter la multiplication des références et pallier le problème de stockage des établissements, CEE R. Schisler a imaginé un couvercle dôme dont le diamètre convient à trois tailles de gobelets (13, 16 et 22 oz). « Les porte-gobelets se généralisent en restauration livrée et ils commencent à être proposés par les établissements de vente à emporter », relève pour sa part Yann Merran, directeur R&D de Firplast.