En mars dernier, Emmanuel Macron a affirmé sa volonté de faire de la France un des fleurons mondiaux en la matière. La stratégie du gouvernement s’appuiera sur les travaux du député et mathématicien Cédric Villani.
L’Intelligence Artificielle est un sujet qui divise largement l’opinion publique. D’après un sondage publié par le CSA au début de l’année, près de la moitié des Français estiment qu’elle représente une menace pour la démocratie, 60 % pour l’emploi et 70 % redoutent son impact sur la vie privée. Pourtant, le Chef de l’Etat a annoncé que des crédits publics s’élevant à 1,5 milliard d’euros seraient alloués à son développement jusqu’à la fin de son mandat ; une bagatelle comparée aux investissements massifs que peuvent engager les Etats-Unis ou la Chine qui projette à horizon 2030 de générer une économie équivalente à 130 milliards d’euros. Parce qu’ils représentent des enjeux d’intérêt général, quatre secteurs d’activité sont pointés par Cédric Villani, et validés par le gouvernement : la santé (un domaine dans lequel la France a l’avantage de disposer de bases de données exhaustives grâce à l’assurance maladie et les hôpitaux), l’environnement, les transports et la sécurité. La stratégie exposée reposerait sur quatre axes, ainsi décrits par Le Monde Informatique : « un maillage solide de l’écosystème public-privé et des expérimentations accélérées », « un financement public propre à assurer une présence mondiale », « la définition de règles éthiques autour de l’IA », et « une politique résolue d’ouverture des données en France ».
Les données en nerf de la guerre
En effet, c’est bien là que semble reposer tout l’enjeu du développement de l’IA. En ouverture de son rapport, Cédric Villani insiste sur le fait que « les données sont la matière première de l’IA contemporaine, et d’elles dépend l’émergence de nombreux usages et applications ». La question de l’éthique se pose : comment réglementer la remontée des données et leur exploitation ? Antoine Petit, PDG du CNRS, donnait son avis dans un récent article des Echos : « Lorsque l’on parle d’IA, on évoque souvent les questions d’éthique ou de valeurs comme si elles étaient universelles. C’est loin d’être le cas. De par leurs cultures et leurs histoires, la Chine, l’Europe ou les USA n’ont pas la même vision. Il faut en être conscient ». Pourtant, Cédric Villani insiste sur le fait que l’IA est « l’affaire de toute la société », elle doit tendre « à améliorer la qualité de la vie ». Ainsi la mutualisation des données de santé pourrait conduire à la détection précoce de tumeurs ou éviter un certain nombre d’erreurs médicales. Appliquée aux transports, a fortiori autonomes, elle pourrait aboutir à une réduction de l’impact de la circulation sur l’environnement tout en relançant la filière automobile en Europe. Elle comporterait presqu’un enjeu citoyen.