Elu Président de NAVSA lors de l’Assemblée générale de la Chambre syndicale, Pierre Albrieux a accordé sa première interview à la rédaction de DA Mag. Présentation d’une personnalité au franc-parler, connue pour son expertise aiguisée de la profession et ses talents de juriste.
Vous exercez dans l’univers de la distribution automatique depuis 40 ans. Expliquez-nous les particularités de votre parcours.
J’ai démarré une petite activité de gestionnaire de DA lorsque j’étais étudiant en droit. A cette époque, il était possible d’avoir un métier tout en poursuivant des études. De fait, j’ai créé la société Alfragest pendant mon cursus universitaire qui s’est achevé par un DEA de droit des affaires. Par la suite, j’ai continué à entretenir une certaine diversité dans mes activités. Très attaché à l’entreprise et au droit, j’ai même été magistrat bénévole auprès du Tribunal de commerce de Lyon pendant 8 ans, et la richesse de cette expérience m’a permis d’aiguiser mes connaissances juridiques. Aujourd’hui, l’interprétation de la loi m’est aussi familière que le dépannage d’un automate ou l’analyse de l’EBITDA ! Mon cursus a renforcé mon caractère « hybride » afin d’être présent sur le terrain, de conduire mon exploitation et de suivre mes clients. Le fait d’avoir été élu Président de NAVSA le 10 mars dernier signifie que vos compétences sont reconnues par vos pairs.
Comment appréhendez-vous cette fonction ?
Membre du bureau de NAVSA depuis 6 ans, j’en ai été le vice-Président au cours des deux dernières années. Sans aucune prétention, je connais parfaitement l’importance de NAVSA dans la vie de la profession qui compte aussi bien des PME indépendantes que des structures d’envergure nationale. A chaque taille d’entreprise ses problématiques, j’en conviens. Par contre, nous devons tous suivre le chemin commun qui est tracé par le Conseil d’administration de la Chambre syndicale qui examine les problèmes posés à la profession, donne les directives et les orientations nécessaires aux actions du Délégué général, Fabrice Layer. Aujourd’hui, ma mission au sein de NAVSA consiste à rassembler et à fédérer toutes les entreprises en tenant compte des spécificités et des besoins de chacune. Je suppose que mon côté provincial et indépendant constitue un avantage qui devrait favoriser le dialogue entre confrères mais néanmoins concurrents !
Quelle est votre vision du marché ?
Je ne vous apprendrais rien en disant qu’au mieux le marché est stagnant, fortement impacté par la crise économique. Plus de chômage signifie moins de salariés dans les entreprises, donc moins de consommation au DA. Sans compter le recul du nombre d’intérimaires réputés être de gros consommateurs aux distributeurs automatiques. Par ailleurs, le développement du télétravail et du travail à temps partiel impacte les habitudes de consommation en entreprise. Mon inquiétude porte également sur la baisse du pouvoir d’achat qui contribue au retour de la « lunch box » laquelle contient non seulement le cœur de repas du salarié mais également un snack et une boisson. Ces produits ramenés du domicile sont autant de consommations en moins achetées en DA. Enfin, je soulignerais la montée du « moi je » qui favorise de nouveaux comportements, là encore à nos dépens. Par exemple, l’installation de systèmes privatifs de préparation du café choisis par les salariés pénalise l’activité boissons chaudes des DA.