Objet de toutes les attentions, le véhicule électrique bénéficie de la poussée tant des constructeurs automobiles que des Pouvoirs publics. Si les véhicules électriques font une (timide) percée sur le marché des particuliers, qu’en est-il en entreprise ?
Métier de livraison et de service, la Distribution Automatique représente une flotte de plus de 10 000 véhicules, qu’il s’agisse de voitures particulières pour les commerciaux ou de véhicules utilitaires légers pour l’activité, qui représentent la plus grosse part de la flotte. La DA est donc nécessairement concernée par l’évolution des technologies dans l’automobile d’une part, mais aussi et surtout par la pression que mettent les grandes municipalités sur la voiture, avec un coupable désigné, le diesel. Or cette énergie concentre à elle seule plus de 93 % des VUL selon l’Observatoire du Véhicule d’Entreprise. Il va donc falloir aux constructeurs de solides arguments pour convaincre les chefs d’entreprise de convertir leur flotte de diesel en véhicules électriques.
Des freins puissants
Peugeot Partner, Citroën Berlingo, Renault Master, Nissan e-NV200 ou Iveco Daily, tous les grands constructeurs proposent aujourd’hui au moins un modèle de VUL électrique. Mais à observer de plus près les caractéristiques de ces véhicules dans le cadre d’une utilisation professionnelle, nombreux sont les obstacles à lever pour basculer vers une flotte propre. Tout d’abord l’autonomie, relativement restreinte puisque les constructeurs annoncent entre 100 et 200 kilomètres au maximum, ce qui peut s’avérer insuffisant dans le cadre d’une tournée. Ensuite, leur prix, souvent de 50 % supérieur à celui du même véhicule équipé d’un moteur thermique, pas vraiment sur le prix catalogue, mais surtout du fait que les entreprises obtiennent de fortes remises sur les véhicules thermiques, alors qu’ils n’en ont pas ou peu sur les véhicules électriques. De surcroît, il faut intégrer le coût de l’installation d’une station de recharge à due proportion de la flotte, donc plus il y a de véhicules et plus l’investissement sera élevé. Au final, le coût total d’utilisation, le fameux TCO (Total Cost of Ownership), est pour l’instant défavorable aux véhicules électriques, même pour une Zoe comparée à une Clio thermique.
Une évolution favorable
Plusieurs facteurs extérieurs devraient militer en faveur des véhicules électriques. En premier lieu, le durcissement des législations vis-à-vis du diesel. Des grandes villes comme Paris et Grenoble affichent ouvertement leur intention d’interdire le diesel en centre-ville et fixent d’ailleurs des objectifs précis : 2024 pour Paris et 2025 pour Grenoble. L’abaissement des taux de CO2, 95 g en 2021 et 75 g après 2025, va renchérir considérablement le prix des véhicules à moteur thermique, notamment le diesel, et par voie de conséquence, incitera les constructeurs à développer leur gamme de véhicules électriques et hybrides. Enfin, le Gouvernement a déclaré lancer un grand plan pour multiplier considérablement le nombre de bornes de recharge en France, afin d’atteindre 100 000 bornes à l’horizon 2022, contre 25 000 aujourd’hui.Et il y aura aussi des facteurs internes à l’industrie automobile, comme la construction d’usines qui fabriqueront des batteries, l’élément le plus stratégique d’un véhicule électrique, et qui entraînera une baisse des coûts de production donc des prix de vente.Les spécialistes estiment que les TCO des véhicules thermiques et électriques convergeront entre 2020 et 2030.Enfin, les grands loueurs comme Arval, LeasePlan ou ALD Automotive sont en passe de mettre en oeuvre des solutions de location longue durée qui tendront à faciliter la bascule entre thermique et électrique, comme des packages incluant la station de recharge.